S'il est une série emblématique des années 50-60, c'est bien Gil Jourdan.
On y trouve en effet cette atmosphère typique avec ces quartiers de Paris voués à la démolition quelques années
plus tard, encore très vivants, aussi bien dans leur aspect social que pictural. On y trouve également une
représentation de la France rurale d'après-guerre, dans une vision du polar à la française, plus proche de Pierre
Véry que de Raymond Chandler.
Cependant, ce qui caractérise vraiment l'univers de Maurice Tillieux, c'est la présence de l'automobile, pas
seulement comme un élément de décor ou un objet utilitaire nécessaire au déplacement des personnages. Non,
chez Tillieux, la voiture est un acteur de l'histoire, y participe activement, au point d'apparaître sur de nombreuses
couvertures d'album et également dans les titres des aventures (« La voiture immergée », « Surboum pour quatre
roues », « Le chinois à deux roues »…).
Maurice Tillieux ne nous montre pas des voitures pour nous en mettre plein la vue. Ces modèles sont toujours
choisis avec soin pour correspondre à la situation sociale des personnages et sont souvent les automobiles les
plus courantes du moment.
L'emblème de la série est d'ailleurs la Dauphine, voiture populaire (Gil Jourdan, contrairement aux héros de la
même époque, a des problèmes d'argent et est payé pour le travail qu'il effectue) que l'on retrouve tout au long
des albums, même après qu'elle soit obsolète dans les années 70. Il est à noter que Maurice Tillieux a pris un
plaisir communicatif à détruire presque systématiquement les véhicules empruntés par ses personnages. Il s'agit là
peut-être d'une attitude apotropaïque dans la mesure où il s'est tué dans un accident de voiture, dans notre
région, de retour du festival d'Angoulême.